genre !

la ville t'appartient

DIS-LE-HAUT ET FORT


Quand ça ne va pas, quand tu trouves un comportementdéplacé, quand tu as été agressée ou témoin : dis-le.

Parles-en. Dénonce. Haut et fort. C’est la fin du silence.

Tu t’habilles comme tu veux. Ton corps, tes choix. Non,c’est non. Ton corps t’appartient.

ET MOI, JE JOUE OÙ ?


- “ Désolé les filles, le terrain est pris. ”

- “ Mais, c’est notre créneau d’entrainement ! ”

- “ Oui, mais le stade d’à côté est en travaux, l’équipe masculine a besoin du terrain. ”

Où sont les filles sur les terrains de foot ? De basket ?Les skate-parks ?

Nulle part. Elles n’y sont pas. Ou si peu, en périphérie, marginales.

Pourquoi ne dit-on pas à une petite fille : va jouer dehors,comme on le ferait avec un garçon ?

Pourquoi les filles n’ont pas la chance d’avoir elles aussiun ballon au pied quand elles apprennent à marcher ?

Une balle à lancer ? Des arbres auxquels grimper ?

MÉTRO PORTE DE MONTREUIL


Était-ce un geste délibéré ou inintentionnel ? Il m’a caressé la main, non ? Non. Il n’aurait pas fait ça. J’ai dû rêver.

S’il recommence je dis quelque chose.

Frotteur je te hais.

Pourquoi sa jambe me frôle-t-elle ? Il y a bien la placepour deux.

Est-ce que je peux prendre le métro à cette heure-ci ?Est-ce que j’y suis en sécurité ?

Je sais que je prends le risque de me faire importuner,interpeler, déranger, moquer, humilier, toucher, harceler, violenter, violer.

Et pourtant, je dois prendre le métro quand même.

ESPACE PUBLIC :


“ LIEU ACCESSIBLE À TOUS, SANS AUTORISATION SPÉCIALE DEQUICONQUE. ”


Y circule-t-on cependant tou.te.s avec la même insouciance ?

Je m’installe au bar. Je m’assieds sur un banc. Je m’arrête à un carrefour. Peu de femmes seules le font.

Et pour cause. Les femmes traversent la ville. Elles ne s’y arrêtent pas.

A coup sûr on va me demander si j’attends quelqu’un. Vous êtes mariée ?

Pourquoi es-tu là ? Tu n’as-tu nulle part où aller ?Quelqu’un à soigner ? Un enfant à aller chercher ?

Des courses à faire ? Du ménage ? Un repas pour ton mari ?Un employeur qui t’attend ?

Tu ne vas pas en griller une tout de même ? Siffler une bière ou entamer une discussion ? File. Ne t’arrête pas.

La rue ne t’appartient pas. Ce banc n’a pas été prévu pour toi. Si tu t’immobilises, méfie-toi, on va te demander ton tarif.

COMMISSARIAT


Je voudrais déposer plainte. Je ne sais pas si je vais y arriver.

Il faudrait que je puise encore un peu plus dans mes ressources.Mais lesquelles ? Je suis épuisée. J’ai peur.

J’ai honte. Je suis souillée, sidérée, silencée, réduite à néant.

Il faudra raconter. Encore. Revivre l’agression en mots.Courir le risque d’entendre que ce n’est pas si grave.

Qu’il n’y a pas mort d’homme. Vous l’avez peut-être un peu cherché. La plainte n’est pas recevable. Vous auriez dû dire non.

Pourquoi restez-vous ? Avez-vous pris du plaisir ? Vous risquez de gâcher sa vie, vous en êtes bien consciente ?

FUNÉRARIUM


Papa a tué maman.

DONNEZ-NOUS LA PMA, ON VOUS LAISSE LES PMU


Le mardi 29 juin 2021, l’Assemblée nationale adopte le projet de loi qui ouvre le droit à la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes cis. C’est-à-dire, aux couples lesbiens et aux femmes seules, et non plus exclusivement aux couples hétérosexuels souffrant d’infertilité.

JOGGEUSE


“ Ne t’éloigne pas du sentier ! Qui sait ce qui pourrait arriver à une petite fille comme toi, seule dans les bois...”

Je voudrais flâner dans les rues à minuit. Errer, sillonner la ville, marcher à pas lents, m’immobiliser. Explorer tous ses recoins

sans me sentir ni menacée, ni jugée, ni observée. Je veux être insouciante, libre de traverser sans limite les territoires de ma cité.

ABRACADABRA, LES SORCIÈRES SONT LÀ


Fille de, femme de, veuve de : des filles élevées en rivales pour séduire le meilleur mari. Les autres cataloguées sorcières.

Au bûcher les vieilles filles, les fille-mères, femmes de petite vertu, filles faciles, filles perdues !

Notre force est redoutable quand nous déployons notre amour à aimer nos sœurs plutôt qu’à les redouter. Remplissons nos cœurs de liens tissés avec les femmes qui nous entourent.Nos amies, nos filles, sœurs, voisines, cousines, tantes, collègues, aïeules, amantes, connaissances... Liberté, égalité, sororité.

GENRE

la ville t'appartient


Je vis ma ville avec plaisir. Je l’aime. Je m’interroge. Y ai-je ma place ? Y ai-je toutes les libertés dont les hommes disposent ? 
Avons-nous les mêmes droits ? Les mêmes accès aux terrains de sport ? Le même sentiment d’insécurité lorsque la nuit tombe, lorsque nous sommes seules ? Courrons-nous les mêmes risques de nous faire importuner ? Où sont les petites filles ? Pourquoi ne jouent-elles pas aux pieds des immeubles avec leurs frères ? Les femmes traversent la ville pour aller faire des courses, travailler, récupérer les enfants à l’école. Les hommes se posent. Ils fument et discutent au coin de la rue. Ils regardent les femmes passer. J’entends :
« Mademoiselle, vous allez où comme ça ? »,« Vous voulez que je vous accompagne ? », « Ben quoi ?Si tu veux pas qu’on te parle, t’as qu’à pas t’habiller comme une pute… »
Je m’interroge. Je veux que les choses bougent. Je veux les mêmes droits que les hommes.
Je veux que mes plaintes soient entendues au commissariat, que les hommes arrêtent de violer. Je veux un salaire égal, je veux m’habiller comme je l’entends, je veux sortir du silence, je veux dénoncer les harceleurs et donner la voix aux harcelées, aux premières de corvée. Je veux asseoir ma légitimité,non pas dans mon espace privé, mais dans la rue. Dans la ville. Ma ville. La rue nous appartient. Et je veux le dire haut et fort.

- Émilie Hanrot





Émilie Hanrot


Je suis sœur, je suis fille, mère, tante, montreuilloise,féministe, auteure, Youtubeuse, (vidéaste) artiste, colleuse, footballeuse,professeure des écoles, professionnelle de la petite enfance, boxeuse … 
Je suis une, je suis plusieurs. Je suis femmes. Toutes cellesmentionnées ci-dessus et bien d’autres encore. 

Using Format